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2011 - LE NOM DE LA ROSE

Du 13 juillet au 13 août 2011
Prolongations jusqu’au 20 août 2011
29 représentations
25.000 spectateurs

Adaptation de PATRICK de LONGRÉE
d’après le roman d’UMBERTO ECO
Mise en scène : STEPHEN SHANK

“Le Nom de la Rose” en lettres de feu
(...) On saluera ici la perspicacité de l’adaptation qui a cherché l’équilibre et la complémentarité entre la teneur philosophique et les ressorts narratifs, entre la pensée et l’action. Il y a là un plus par rapport au film d’Annaud. (...) Centrée sur la lisibilité du suspense et du débat d’idées à travers le jeu des acteurs, la mise en scène de Stephen Shank retrouve au troisième tableau la beauté poignante qu’il avait fait régner dans ses précédentes réalisations à Villers. Dans le labyrinthe très ingénieusement rendu par la scénographie de Patrick de Longrée, Guillaume affronte le terrible bibliothécaire aveugle Jorge de Burgos, campé par un Yves Claessens grimé et méconnaissable, exsudant une haine dévote du corps et de l’humanité. Magistrale, l’interprétation de Pascal Racan soulève le spectateur. (...) Le spectacle se conclut en apothéose par une pyrotechnie virtuose d’Olivier de Laveleye qui met littéralement le feu de l’enfer aux ruines.
Philip Tirard, La Libre belgique, 18 juillet 2011

AFFICHE & PHOTOGRAPHIES

Les échos d’eco à Villers-la-Ville
(...) On se doutait que le best-seller d’Umberto Eco irait à l’ancienne abbaye comme la soutane à Benoît XI. Effectivement, l’adaptation théâtrale de Patrick de Longrée et la mise en scène de Stephen Shank réussissent à transformer le roman en un spectacle imposant. (...) La mise en scène nous fait voyager dans trois lieux différents aux décors impressionnants, dont un final aux effets pyrotechniques époustoufflants et aux projections labyrintiques de toute beauté. (...) Emmené par un Pascal Racan magistral, la distribution monacale nous happe dans cette enquête sanglante autour des sept trompettes du jugement dernier. (...)
Catherine Makereel, Le Soir, 18 juillet 2011

Meurtres à l’abbaye
Le roman du best-seller d’umberto Eco sur la scène de Villers-la-Ville paraît si évidente que l’on croirait que le sémillant sémiologue a écrit son roman dans les ruines brabançonnes. l’on ne saurait en tout cas trop s’étonner de ce que ce soit la lecture du “Nom de la Rose” qui, dans le courant des années 80, ait fait germer dans l’esprit de Patrick de Longrée (auteur de l’adaptation et co-producteur des spectacles d’été depuis 25 ans déjà) l’idée de produire un spectacle dans ce lieu magique. Quelle patience et quelle ténacité pour un défi de taille: ramener les 500 page du roman à deux heures trente de scène! Il a été brillamment relevé. (...) Stephen Shank offre une mise en scène très propre de cette “Rose”, sobre et efficace, en ayant l’intelligence de laisser le premier rôle à l’Abbaye, écrin remarquable habité d’une âme puissante. Les lieux sont superbes, et superbement mis en valeur par les éclairages de Christian Sténuit et la scénographie de Patrick de Longrée. (...)
Thibaut Radomme, Rue du Théâtre, juillet 2011

Magnifique Nom de la Rose
Vendredi, soir de la première à laquelle a assisté la reine Fabiola, on a été émerveillé, tant la symbiose entre ces ruines et la pièce, une première mondiale, est totale. Restait à l’adaptation de Patrick de Longrée, qui rêvait de produire le roman d’Eco dans les ruines, à convaincre: pari réussi. (...) Pascal Racan, qui s’est rasé le crâne pour le rôle, en impose. Empli de sagesse, mais pas sans doute, il incarne superbement Guillaume de Baskerville: pas de gestes superflus, pas de fausses intonations, chez lui tout semble naturel. (...)
Quentin Colette, L’Avenir, 18 juillet 2011

LA DISTRIBUTION

PASCAL RACAN (Guillaume de Baskerville)
JÉRÉMIE PETRUS (Adso de Melk)
DANIEL NICODÈME (Messer l’Abbé)
LAURENT BONNET (Bernardo Gui)
YVES CLAESSENS (Jorge de Burgos)
DIDIER COLFS (Malachie de Hildesheim)
PETER NINANE (Venantius de Salvemec)
THIERRY JANSSEN (Bérenger d'Arundel)
OLIVIER FRANCART (Bence d'Upsala)
DENIS CARPENTIER (Séverin de Sant'Emmerano)
GÉRALD WAUTHIA (Rémigio de Varragine)
MARC DE ROY (Salvatore)
JEAN-LOUIS LECLERCQ (Ubertin de Casale)
CÉDRIC CERBARA (Michel de Césène)
BENOÎT PAUWELS (Jérôme de Caffa)
JEAN-FRANÇOIS ROSSION (Bertrand du Pogetto)
YANN LERICHE (Jean d'Anneaux)
KEVIN ECOBECQ (Jean de Baune)
VALENTINE JONGEN (La fille du village)
ARNAUD SOTTIAUX (Un moine, un soldat)
MARTIN de LAVELEYE (Un moine, un soldat)

L'ÉQUIPE DE RÉALISATION

Mise en scène: STEPHEN SHANK
Adaptation du roman original: PATRICK de LONGRÉE
Costumes: THIERRY BOSQUET
Scénographie: PATRICK de LONGRÉE
Création des lumières: CHRISTIAN STENUIT
Création des maquillages: JEAN-PIERRE FINOTTO
Création effets spéciaux: OLIVIER de LAVELEYE
Assistant à la mise en scène: LUIS VERGARA SANTIAGO
Décor sonore: LAURENT BEUMIER
Accessoires: EUGENIE OBOLENSKY
Régie de plateau: DAVID DETIENNE
Régie lumières: DIDIER COENEN - LUC DE CLIMMER
Régie son: CLÉMENT DELPORTE
Régie feux: MARTIN de LAVELEYE
Régie tops: PAULO CABACEIRA
Confection des costumes: COSTHEA
Habilleuse: MARIANNE BRACONNIER
Construction des décors: JEAN-JACQUES ALLART- PAULO CABACEIRA – FRANCIS DEBON - OLIVIER DE BONDT - DAVID DETIENNE - OLIVIER WATERKEYN
Peintures des décors: OLIVIER WATERKEYN
Coiffures et perruques: VÉRONIQUE LACROIX
Maquilleuses: AURÉLIE BEECKMAN - MAGALI GÉRARD
Installation son et lumières: CHRISTIAN AIGEUR - STÉPHANE DESPA - DIDIER DEWAELE - DIDIER COUNEN - LUC DE CLIMMER - SERGE HIOCCO - DIDIER VANNES - JEAN-CLAUDE VERVAECKE
Technicien lumières: JEAN-CLAUDE VERVAECKE
Produit par: RINUS VANELSLANDER et PATRICK de LONGRÉE

CRÉATION MONDIALE

Le 25ème spectacle que nous avons produit durant l’été 2011 dans les ruines de l’Abbaye de Villers-la-Ville représente un temps fort dans l’histoire de ces créations et dans le paysage théâtral et touristique wallon.

Nous avons porté à l’affiche un spectacle-événement qui a réuni tous les paramètres qui ont fait le succès des spectacles d’été à Villers-la-Ville (déambulation, large distribution, mise en valeur du site, thème porteur) au travers d’une grande œuvre dont le cadre est précisément une abbaye : LE NOM DE LA ROSE, le grand roman d’Umberto Eco a été adapté pour la première fois au théâtre (il s’agissait donc d’une création mondiale!).

Le travail d’adaptation de cette passionnante énigme autour d’un livre caché d’Aristote sur le rire jugé blasphématoire par les bénédictins a pris des mois ; l’enjeu était de garder l’intrigue policière sans altérer le fond de l’œuvre à multiples tiroirs : une parabole sur le savoir caché et la censure, une mise en question de la richesse de l’Eglise, une évocation de la naissance de l’esprit scientifique, une interrogation sur le bien et le mal et une analyse du rôle des livres.

Le Nom de la Rose est une histoire en sept chapitres, chiffre symbolique qui représente le nombre de jours et d’étapes de l’enquête parsemée de morts. L’adaptation théâtrale qui en est tirée suit la chronologie du roman tout en s’intégrant parfaitement dans différents lieux de l’Abbaye de Villers. Le public cheminera de lieu en lieu, de scène en scène, sur les lieux mêmes de l’Abbaye du Crime (titre envisagé par Umberto Eco). L’œuvre ne pouvait rêver meilleur cadre de représentation. Cette épopée médiévale sur fond de conflits théologiques de la chrétienté, entraîne le spectateur dans une enquête menée par l’ex-inquisiteur Guillaume de Baskerville qui va à la rencontre des moines de l’abbaye et découvre rapidement l’envers du décor.

L’adaptation théâtrale de Patrick de Longrée a été relue et corrigée par Umberto Eco (qu’il soit ici remercié pour l’autorisation qu’il nous a accordée et la confiance qu’il nous a témoignée lors de la mise en œuvre de ce vaste projet).

La richesse philosophique, la réflexion théologique et le travail sur le langage qui font toute la puissance du roman débouchent sur un grand spectacle tout à la fois mouvementé et intimiste.

Patrick de Longrée et Rinus Vanelslander,
producteurs.

UNE VASTE ÉPOPÉE MÉDIÉVALE AU PARFUM DE POLAR

An de grâce 1327, la chrétienté est en crise. Les hérésies sont traquées. Le pape lutte à la fois contre l'empereur Louis de Bavière et contre ses ennemis intérieurs. Il s'oppose à tous ceux qui souhaitent réformer l'Eglise.

En arrivant dans le havre de sérénité et de neutralité qu'est cette abbaye -admirée de tout l'Occident pour la science de ses moines et la richesse de sa bibliothèque- afin de mettre la dernière main à la rencontre entre deux délégations opposées, l'ex-inquisiteur Guillaume de Baskerville, accompagné du novice Adso de Melk, se voit prié par l'Abbé d’enquêter sur la mort suspecte d’un des moines.

L'abbaye vit des heures troublées. En effet, pendant la nuit, Adelme d'Otrante, un jeune moine, a chuté de l'Edifice, une importante bâtisse dans laquelle se trouvent à la fois le réfectoire et l'immense bibliothèque de l'abbaye.

Pour les besoins de son enquête, Guillaume de Baskerville va à la rencontre des moines de l'abbaye. Il fait la connaissance de Salvatore, un moine difforme qui parle une langue étrange, brassage de toutes les autres, Ubertin de Casale, un être intransigeant qui "aurait pu devenir un des hérétiques qu'il a contribué à faire brûler", Venantius, un helléniste érudit, Jorge, un vieillard aveugle dévoré par un orgueil excessif et qui blâme le rire, Séverin, un curieux herboriste, et enfin Bérenger, l'aide du bibliothécaire qui semble avoir eu des relations ambiguës avec la victime. Ces rencontres permettent à Guillaume de Baskerville de découvrir quelques règles et secrets de l'abbaye. Il acquiert assez rapidement la conviction qu'Adelme d'Otrante n'a pas été assassiné, mais qu'il s'est suicidé.

Le second jour, Venantius est trouvé mort dans une barrique de sang de porc. Guillaume pressent que ces deux morts ont un lien avec un secret que cache la bibliothèque de l'abbaye. Cette bibliothèque, la plus grande de la chrétienté, est construite comme un lieu secret, inaccessible. Guillaume et Adso manifestent le souhait de la visiter, mais cette visite leur sera toujours refusée. C'est un lieu interdit, connu du seul Malachie, le bibliothécaire et de Bérenger, son aide. Elle représente le centre mystérieux de l'abbaye. Les moines et les visiteurs n'ont accès qu'au scriptorium, lieu d'étude dans lequel ils peuvent s'adonner à la lecture et à la copie.

Guillaume et Adso découvrent que certains livres "interdits" de la bibliothèque portent, dans le codex, la mention "Finis africae". Seuls Malachie, le bibliothécaire, et Bérenger, son aide, semblent connaître le secret de ces mentions. Guillaume poursuit son enquête et commence à soupçonner Bérenger. Celui-ci est le dernier à avoir vu Adelme en vie et craignait que Venantius ne dévoile les relations qu'il entretenait avec le jeune moine. Dans le scriptorium, le livre que Venantius étudiait a disparu et il ne reste qu'un vieux parchemin écrit en grec qui pourrait les aider à rentrer dans la bibliothèque. Ils  décident, malgré les interdictions, de s’y rendre mais n’y trouvent rien de concluant.

Le troisième jour, Guillaume et Adso parviennent à déchiffrer les annotations de Venantius. Le texte reste toutefois énigmatique. Guillaume souhaite interroger Bérenger, mais celui-ci a disparu. Il met à profit ce contretemps pour essayer de résoudre l'énigme du labyrinthe. Il y parvient et est bien décidé à y retourner la nuit suivante. Le soir Adso découvre dans les cuisines une jeune fille. Cette ravissante inconnue souhaite obtenir de la nourriture en échange de ses charmes. Elle séduit le jeune Adso. Durant la nuit, on retrouve dans les bains le corps de Bérenger. Guillaume est intrigué par les taches brunes qu'il porte sur ses doigts et sur sa langue. Il semble qu'il ait été empoisonné.

Ces morts brutales créent un profond malaise au sein de l'abbaye. Le lendemain arrivent successivement le groupe de franciscains, mené par Michel de Césène, puis les émissaires du pape à la tête desquels se trouve l'inquisiteur Bernardo Gui, dont la réputation de cruauté n'est plus à faire. L'abbé "soucieux de la bonne réputation de son monastère" craint pour l'avenir de son abbaye. Guillaume et Adso poursuivent discrètement leur enquête. Ils s'introduisent à nouveau dans la bibliothèque et en affinent le plan. Ils ne parviennent pas à percer le mystère de la pièce Finis africae car ils ne connaissent pas le code qui leur permettrait d'en franchir le seuil.

L'inquisiteur Bernardo Gui a rapidement commencé à imposer sa loi. Il a appréhendé la jeune inconnue qu'avait croisé Adso la veille et Salvatore. Ce quatrième jour est aussi l'occasion du premier regard hostile échangé entre Guillaume et Bernardo Gui. Les deux hommes ne s'apprécient guère.

Le cinquième jour, les discussions politiques et religieuses reprennent mais elles sont vite arrêtées par la découverte d'un nouveau cadavre. Séverin, l'herboriste, est découvert la tête broyée. Bernardo Gui procède à l'arrestation de l'intendant Remigio, un ancien franciscain, qu'il soupçonne d'être l'auteur de ces assassinats. Il organise un procès au cours duquel sont jugés Remigio et les deux prisonniers de la veille : Salvatore et la jeune inconnue. Sous la torture, Salvatore passe aux aveux et reconnaît tous les crimes dont Bernardo Gui l'accuse. Remigio, qui souhaite échapper à la torture, avoue être un hérétique et un criminel. La jeune inconnue est, elle, accusée de sorcellerie. Avec ce procès, Bernardo Gui marque des points. Il semble qu'il ait percé le mystère de ces meurtres, et que de plus l'assassin serait un ancien franciscain.

Mais le lendemain, un nouveau crime est commis. Cette fois, la victime est Malachie, le bibliothécaire. Lui aussi a le bout des doigts couverts de taches brunes. Guillaume est persuadé qu'il existe un lien entre le livre disparu et ces meurtres. L'abbé ordonne toutefois à Guillaume d’abandonner son enquête. Guillaume ne l’entend pas de cette oreille et, durant la nuit, il retourne avec Adso dans la bibliothèque. Ayant trouvé le code secret, ils parviennent à rentrer dans le Finis africae, la pièce mystérieuse. Ils y découvrent Jorge, le vieillard aveugle, qui les attend. Il les laisse lire le livre tant convoité, et qui a été la cause de tant de morts. Il s'agit d'un exemplaire unique du 2ème tome de la Poétique d'Aristote sur l'humour et le rire. Jorge tente alors de s'enfuir. La bibliothèque prend feu, détruisant ainsi cet unique ouvrage que le vieillard aveugle jugeait blasphématoire, qu'il n'était pourtant pas parvenu à détruire et qui avait entraîné tant de morts...

L'AUTEUR : UMBERTO ECO

Umberto Eco, né en 1932 dans le Piémont (Italie), est un essayiste et romancier italien. Reconnu pour ses nombreux essais universitaires sur la sémiotique, l’esthétique médiévale, la communication de masse, la linguistique et la philosophie, il est surtout connu du grand public par ses œuvres romanesques. Titulaire de la chaire de sémiotique et directeur de l’École supérieure des sciences humaines à l’Université de Bologne, il en est professeur émérite depuis 2008.

Son premier roman (Le Nom de la Rose, 1980) connaît un succès mondial avec plus de 30 millions d'exemplaires vendus à ce jour et des traductions en vingt-six langues. Son deuxième roman (Le Pendule de Foucault, 1988) connaît également un énorme succès.

Il écrit régulièrement dans des quotidiens et des hebdomadaires des chroniques sur des sujets de l'heure, avec un souci de «débusquer du sens là où on serait porté à ne voir que des faits». Plusieurs recueils regroupent les textes les plus amusants (Diario minimo, 1963; Pastiches et Postiches, 1988; Il secondo diario minimo, 1992; Comment voyager avec un saumon, 1998).

D’autres recueils regroupent des textes plus polémiques (Croire en quoi, 1998; Cinq questions de morale, 2000; Islam e occidente, 2002).

Ses derniers ouvrages sont A reculons comme une Ecrevisse (2006), La Memoria Vegetale (2006), De l’Arbre au Labyrinthe (2007), Vertige de la Liste (2009), N'espérez pas vous débarrasser des livres (en collaboration avec Jean-Claude Carrière, 2009).

L’œuvre romanesque d’Umberto Eco :

1980: Le Nom de la Rose (Il nome della rosa). (Prix Strega, Prix Médicis étranger). Le roman a été augmenté d'une Apostille (parue en 1985).

1988: Le Pendule de Foucault (Il pendolo di Foucault).

1994: L'Île du jour d'avant (L'isola del giorno prima).

2000: Baudolino (Baudolino).
Prix Méditerranée Étranger 2002.

2004: La Mystérieuse Flamme de la Reine Loana (La misteriosa fiamma della regina Loana).

2011: Le Cimetière de Prague (Il Cimitero de Praga).

Ces romans sont publiés en Italie par Bompiani et en France par Grasset.

LE CHEMIN LABYRINTHIQUE D'UNE ADAPTATION

Porter à la scène le roman Le Nom de la Rose d’Umberto Eco résulte d’un long cheminement, à la fois personnel et professionnel.

A l’époque, nous sommes au milieu des années 80, je suis des études de philosophie qui me pèsent car je n’ai qu’une ambition: produire un spectacle dans les ruines de l’Abbaye de Villers-la-Ville mais, peu servi par ma jeunesse et mon inexpérience, je n’obtiens pas les autorisations des autorités compétentes. Alors, au lieu de me concentrer sur mes chères études, je me plonge dans la lecture de romans épiques, historiques, mystiques et... philosophiques comme Narcisse et Goldmund d’Herman Hesse, Les Elixirs du Diable de Hoffmann, Faust de Gœthe et bien entendu le best-seller du moment : Le Nom de la Rose d’Umberto Eco ! Je suis fasciné par ce livre et mon imaginaire l’inscrit aussitôt dans les ruines de l’Abbaye de Villers que j’arpente au fil des saisons au lieu de suivre mes cours de philo !

Finalement les autorisations arrivent et le premier spectacle théâtral d’été verra le jour en 1987 avec Barabbas de Michel de Ghelderode. Cette Passion du Christ vue sous un angle inhabituel donne le coup d’envoi d’une série de spectacles épiques et populaires que je suis fier de produire avec Rinus Vanelslander depuis 1987.

Il ne s’est pas passé un été sans que l’envie de mettre en œuvre une adaptation du Nom de la Rose ne resurgisse! Et nous avons traversé tous les stades que la raison nous imposait: ce roman est inadaptable au théâtre, nous n’obtiendrons jamais les droits d’adaptation, le film éclipserait toute version théâtrale, nous ne disposons pas des budgets pour un tel projet, le film bloque les droits pour plusieurs années, etc.

Nous lançons malgré tout des démarches concrètes en 2002 et nous apprenons qu’Umberto Eco ne serait pas hostile à l’idée mais qu’il faudrait également convaincre son éditeur italien. Plusieurs personnes nous aident pour faciliter les contacts et nous aboutissons finalement à des accords concrets en 2008.

L’adaptation d’une œuvre de l’importance du Nom de la Rose ne s’entreprend pas à la légère. J’ai d’abord passé des heures à me demander, devant le roman posé devant moi, s’il était bien raisonnable de s’attaquer à l’adaptation théâtrale d’un tel monument. J’avais, presque chaque année depuis la création de nos spectacles à Villers-la-Ville, relu le roman d’Umberto Eco, au point d’en connaître presque par cœur la succession des chapitres! Mais se lancer dans cette adaptation frisait l’inconscience. J’en mesurais néanmoins la portée. Mon enthousiasme chavirait entre l’envie incommensurable de transformer ce roman en grand spectacle dans les ruines de Villers et mon total respect pour une œuvre magistrale qu’une adaptation théâtrale risquait d’appauvrir et même de mutiler. J’avais toutefois un garde-fou de taille: il était convenu que l’adaptation ne soit pas mise en production sans la relecture, l’assentiment et les corrections d’Umberto Eco. Cela me rassurait d’un côté, mais le jugement du maître m’inquiétait terriblement de l’autre.

C’est dans un cloître que je me suis enfermé durant des semaines réparties sur de longs mois afin de rédiger cette adaptation loin de toute agitation.

* Entrer dans un roman, c’est comme faire une excursion en montagne : il faut opter pour un souffle, prendre un pas, sinon on s’arrête tout de suite.

La première étape fut d’«entrer dans le roman» comme l’explique Umberto Eco, avec la rage du lecteur glouton. Et puis laisser reposer pour prendre le recul nécessaire à l’émergence des évidences. Se remémorer et noter les moments forts, les éléments indispensables, les caractères majeurs, les thèmes essentiels, les points remarquables. Ne prendre aucune option qui orienterait directement le point de vue, non, mettre à plat, enchaîner les faits les uns après les autres. Puis commencer à découper, scène par scène, les différents chapitres du roman original, dictionnaire en main, pour se retrouver avec des centaines de pages qui forment une continuité.

* Qui parle ? L’Adso de dix-huit ans ou l’Adso octogénaire ? Tous les deux, c’est évident et c’est voulu. Le jeu consistait à mettre en scène continuellement Adso vieux qui raconte ce qu’il se rappelle avoir vu et entendu en tant qu’Adso jeune.

Dès le départ, il faut faire un choix. Le théâtre n’est pas le lieu de la narration romanesque. C’est le lieu de la confrontation vivante de personnages de chair et de sang qui défendent leur vie sur le plateau au travers de leurs convictions, de leurs tourments, de leurs joies et de leurs peines. Dès les premières pages du roman, Umberto Eco nous fait croire qu’il raconte l’histoire d’Adso sur base d’un manuscrit que l’on a retrouvé mais qui a été lui-même retranscrit par deux intervenants à des siècles d’écart. Il choisit une forme d’éloignement narratif alors que l’ensemble sort évidemment de son incroyable imagination et non pas d’un manuscrit retrouvé! Ce qui ne simplifie donc en rien le travail d’adaptation théâtrale dont l’essence même est de faire parler des personnages sur une scène. Heureusement, Umberto Eco s’emploie à entrecouper la narration d’Adso de dialogues «reconstitués», passés au prisme de ses souvenirs. Ces nombreux dialogues constituent la base même de l’adaptation théâtrale.

* Marco Ferreri m’a dit que mes dialogues sont cinématographiques parce qu’ils sont temporellement justes. Forcément ; quand deux de mes personnages parlaient en allant du réfectoire au cloître, j’écrivais, le plan sous les yeux, et quand ils étaient arrivés, ils arrêtaient de parler.

Adapter Le Nom de la Rose pour une scène de théâtre n’aurait pas beaucoup de sens, mais l’adapter pour l’inscrire dans l’Abbaye de Villers est une démarche particulièrement juste dans la mesure où nous pouvons donner vie aux actions qui ont été imaginées par l’auteur dans les lieux mêmes de la narration. Et il est bien certain que la manière dont Umberto Eco construit les dialogues en lien avec les espaces dans lesquels il les intègre facilite le travail d’adaptation théâtrale. Sauf que, d’une page à l’autre, l’auteur fait évoluer ses personnages dans une multitude de lieux divers. Il a donc fallu regrouper des scènes et des actions qui pouvaient se donner dans des localisations précises comme la cour des novices, le cloître, l’église abbatiale ou le chevet qui sont les lieux de représentation à Villers. Des choix ont été faits dans la succession des scènes ou dans la manière dont les lieux sont évoqués. Ainsi, dans le roman, Guillaume et Adso se rendent assez rapidement dans la bibliothèque (au deuxième jour), alors que nous ne faisons qu’évoquer leur visite dans la pièce et qu’ils n’y accéderont sous nos yeux de spectateurs qu’à l’extrême fin du spectacle. Toutefois la bibliothèque est omniprésente, comme symbole du labyrinthe spatial et spirituel. Des ellipses ont dû être imaginées pour resserrer l’intrigue. Des personnages ont été supprimés. Des équilibres ont été décidés entre l’aspect policier du roman et le parcours qu’il représente à travers la pensée et le savoir.

* Un grand roman, c’est celui où l’auteur sait toujours à quel moment accélérer, freiner, comment doser ces coups de frein ou d’accélérateur dans le cadre d’un rythme de fond qui reste constant.

Le rythme est l’un des éléments essentiels de la représentation théâtrale et il n’est pas le même que celui d’un roman. L’adaptation tient donc compte d’une dynamique particulière nécessaire au théâtre.

* Rythme, souffle, pénitence… Pour qui, pour moi ? Non, bien sûr, pour le lecteur. On écrit en pensant à un lecteur. Tout comme le peintre peint en pensant au spectateur du tableau.

Et je n’ai eu de cesse que de penser au spectateur ! Les appréhensions furent nombreuses à la base de ce travail mais il est bien certain que l’une des priorités était de restituer au spectateur la force et la complexité du roman tout en donnant à suivre un spectacle nerveux, riche et interpelant. Quant au souffle, je savais que je pouvais compter sur celui que dégage les impressionnantes ruines de l’Abbaye de Villers pour m’aider à compenser la perte des multiples descriptions qui font la richesse du roman et qui, au théâtre, ne peuvent pas seulement être perçues au travers de costumes, d’accessoires ou d’éclairages.

* Un jeune garçon de dix-sept ans m’a dit qu’il n’avait rien compris aux discussions théologiques mais qu’elles agissaient comme des prolongements du labyrinthe spatial (comme si c’était une musique thrilling dans un film de Hitchcock). Et je crois bien qu’il s’est produit quelque chose de ce genre : même le lecteur naïf a flairé qu’il se trouvait face à une histoire de labyrinthe, mais où les labyrinthes n’étaient pas spatiaux.

L’enjeu de l’adaptation théâtrale réside tout entier dans le respect de cette perception labyrinthique. L’œuvre d’Umberto Eco nous transporte dans divers dédales: dans ceux de la bibliothèque et de l’abbaye bien entendu, mais aussi dans ceux de la pensée, de la théologie, des arts et de la philosophie. Et les dédales de la bibliothèque ne sont pas que spatiaux! lls éloignent le visiteur de toute tentative d’accéder aux «livres qui contiennent des mensonges», c’est à dire les objets du savoir qui ouvrent toutes les portes du labyrinthe spirituel, du bien et du mal. La bibliothèque symbolise aussi toute la complexité du monde et Guillaume s’exclame «Comme il serait beau le monde si il y avait une règle pour circuler dans le labyrinthe», en sortant de la bibliothèque. Les questions théologiques qui sont au centre des débats s’ouvrent aussi à la complexité des perceptions dont personne n’a, finalement, le dernier mot.

J’espère que cette représentation théâtrale donnera l’envie aux spectateurs de se plonger dans le roman d’Umberto Eco car cette adaptation trahit, par la force des choses, une des particularités du roman: sa diversité des lectures possibles. Car, non content de placer le labyrinthe au centre des thèmes du livre, Umberto Eco en joue dans la manière d’envisager le récit. En effet, de multiples niveaux de lecture s’offrent au lecteur: on peut se focaliser sur la résolution de l’énigme policière, on peut s’attacher à la formidable représentation du vécu d’une abbaye au moyen-âge, on peut l’envisager comme une somme des hérésies au XIIIe siècle, y apprécier toute l’érudition du spécialiste de l’esthétique médiévale, y voir une interrogation sur le bien et le mal et même découvrir une analyse du rôle des livres. On l’aura compris, l’œuvre elle-même est un labyrinthe dans lequel le lecteur pourra, c’est selon, se laisser perdre ou tenter d’en démêler l’inextricable substance.

Patrick de Longrée Auteur de l’adaptation théâtrale

* Extraits de Apostille au Nom de la Rose de Umberto Eco, traduction de Myriem Bouzaher, Grasset, 1985.

LE METTEUR EN SCÈNE : STEPHEN SHANK

Stephen Shank est né en Belgique de parents américains. Il est basé à Bruxelles, d'où il travaille comme metteur en scène et comme acteur. Il a réalisé quatre mises en scène à Villers-la-Ville : Images de la Vie de Saint François d’Assise (1998), La Reine Margot (2001), Les Misérables (2002), La Balade du Grand Macabre (2006).

Son travail est décrit comme physique, puissant, musical et imagé. Il parcourt le grand répertoire tout comme il est friand de textes littéraires qu'il adapte à la scène comme Saint Julien l'hospitalier de Gustave Flaubert, Le Flamand aux longues oreilles de David Sheinert, Les Cahiers de Malte de R.M. Rilke, Lettre à un Otage de Saint Exupéry ou encore L’Apocalypse de Jean (en tournée aux USA, Canada et au Festival d’Edimbourg), Alice au Pays des Merveilles (qui s’est joué à Beaubourg lors de l'exposition Lewis Caroll) ou encore Beowulf, cet autre conte épique de la tradition anglo-saxonne. Il travaille actuellement sur les adaptations de Le Creux de la Vague de Robert Louis Stevenson et Homme de Ménage en Territoire ennemi de Sir Robert Gray. Il prépare Bing, ou La symphonie des harmonies célestes, un monologue basé sur la vie de Hildegarde von Bingen...

Un fil rouge parcourt son travail : la vulnérabilité. Les vers de Yeats : "... But love has pitched her mansion in the place of excrément - For nothing can be sole or whole - That has not been rent." ... “La grâce au milieu de la merde” décrit son moteur essentiel : comment faire tout de rien, utiliser la cassure pour découvrir la plénitude, sonder la haine pour percevoir l'amour, pénétrer la mort pour mieux saisir la vie.

Ses dernières créations en mise en scène incluent entre autres Le Roi se meurt de Ionesco, La Tempête de Shakespeare dont il a fait la traduction et l’adaptation, La Tentation d'Hugo Claus (pour laquelle Françoise Oriane à reçu le prix meilleure comédienne 2007), La Balade du Grand Macabre de Michel de Ghelderode à Villers-la-Ville, après Mademoiselle Jaïre au Théâtre Royal du Parc (pour le centenaire de l’auteur), et le succulent Images de La Vie de Saint Françoi d’Assises, à Villers-la-Ville encore, du même auteur. C’est lui aussi qui interpréta le puissant et bousculant Jugement de Barry Collins. Il tourne depuis quatre saisons en France avec un monologue émouvant et dérangeant, Voilà, une fausse histoire vraie, la tranche de vie d'un homme qui se détricote dans les vapeurs d’alcool.

UNE PRODUCTION DE DEL DIFFUSION VILLERS

Avec le concours de

Le Ministère de la Culture de la Communauté française (Service du Théâtre)
Le Commissariat général au Tourisme de la Région wallonne
La Province du Brabant wallon
L’Abbaye de Villers
L’Administration communale de Villers-la-Ville
La Régie des Bâtiments
La Direction générale de l’Aménagement du Territoire, du Logement et du Patrimoine de la Région wallonne
La Commission Royale des Monuments et sites

Avec le partenariat officiel de

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