2002 - LES MISÉRABLES
Du 11 juillet au 17 août 2002
Prolongations du 20 au 24 août 2002
32 représentations
30.000 spectateurs
Jean Valjean, émouvant solitaire
... Pascal Racan impose un Valjean solitaire, force de la nature, dont il montre les souffrances. Il émeut, à la fin, en héros fatigué, en père chagriné par les épousailles de Cosette. Autre bloc, Olivier Massrt nourrit, en Javert, une inflexibilité coupante. Fantine et Cosette, Isabelle Defossé s'abstient de facilités mélodramatiques pour s'attacher à l'humanité et à la grâce. France Bastoen balance entre la gouaille et l'amour déçu. Quant aux Thénardier, Michel Guillou s'amuse en crapule finie aux côtés de Martine Willequet, teigne et vulgaire à souhait. En Marius, Itsik Elbaz éprouve l'absolu des sentiments révolutionnaires et amoureux. Carine Sombreuil, Yves Degen, Laurent D'Elia, Olivier Charlet, Eric Breton le Veel, Noémi tiberghien, Françoise Oriane, Déborah Rouach, Sylvie Perederejew. complètent cette foisonnante distribution...
Janine Dath, Le Soir, 15 juillet 2002
Affiche & Photographies
Des ruines pour Les Misérables
...C'est déjà un succès de foule: depuis samedi, les ruines font le plein pour le spectacle inspiré des Misérables de Victor Hugo. C'est autour de l'église abbatiale et de l'ancienne brasserie, en quatre endroits différents, que se nouent et se dénouent les fils du destin de Valjean. Les changements de lieux trouvent ici une véritable justification: le public est littéralement invité à marcher sur les traces de l'ex-bagnard dans sa fuite...
Ariane Bilteryst, vers l'Avenir, 17 juillet 2002
Des Misérables en cinémascope
... Menée à un rythme soutenu, dans une succession de séquences rapides et précises, cette première moitié du spectacle donne l'occasion à Pascal Racan de camper un forçat puissamment pathétique, face au Javert intraitable d'Olivier Massart. Isabelle Defossé touche au sublime dans l'effroyable chute de Fantine, fille-mère broyée sous les effets conjoints de la médisance de ses pairs et de la bienséance d'une bourgeoisie indifférente au malheur d'autrui. La récurrence des tableaux de groupe soulignés par une bande son expressive à souhait transcende la psychologie sommaire de ces personnages, tirés du réel par l'auteur certes, mais qu'il peint plutôt à la manière de types sociaux, à l'appui d'une thèse qui préfigure l'ouvre de Zola...
Philip Tirard, La Libre Belgique, 15 juillet 2002
Un triomphe pour Stephen Shank
Vendredi et samedi soirs, avant-première des Misérables de Victor Hugo dans les ruines villersoises et triomphe pour la troupe de Stephen Shank, l'acteur-metteur en scène fétiche des spectacles de DEL Diffusion. Cette adaptation du roman fleuve de Victor Hugo est en tous points remarquable et comme à l'accoutumée, Shank a merveilleusement choisi les superbes décors naturels des ruines cisterciennes...
Marcel Vancaster, La Nouvelle Gazette, 17 juillet 2002
LA DISTRIBUTION
Pascal Racan (Jean Valjean)
Olivier Massart (Javert)
Françoise Oriane (Mme Magloire, Mme Victurnin, Sour Simplice)
Michel Guillou (Thénardier)
Martine Willequet (La Thénardier)
Yves Degen (Le Narrateur, Mgr Myriel, Fauchelevent, Champmathieu, Le Vieux)
Isabelle Defossé (Fantine, Cosette)
France Bastoen (Eponine)
Itsik Elbaz (Marius)
Stephane Custers (Laigle, Un Bourgeois, Homme de Javert)
Olivier Charlet (Petit Gervais, Gavroche)
Noel Baye (Brevet, Bigrenaille, Un soldat, Un ouvrier)
Pierre Ronti (Chenildieu, Deux Milliards, Un soldat, Un ouvrier)
Sylvie Perederejew (Baptistine, La Surveillante, La Portière)
Gauvain Duffy (Cochepaille, Brujon, Un ouvrier, Un soldat)
Diego Van Hout (Feuilly, Un Ouvrier, Homme de Javert)
Olivier Francart (Prouvaire, Un Bourgeois, Homme de Javert)
Jean-Francois Rossion (Enjolras, Avocat général, Homme de Javert)
Eric Breton Le Veel (Grantaire, Homme de Javert)
Laurent D'elia (Combeferre, Homme de Javert)
Carine Sombreuil (La Vieille, Une sour, Une ouvrière, Une prostituée)
Fanny Hanciaux (Une sour, Une ouvrière, Une prostituée)
Noemi Tiberghien (Une sour, Une ouvrière, Une prostituée)
L'ÉQUIPE DE RÉALISATION
Mise en scène: Stephen Shank
Adaptation: Stephen Shank et Patrick de Longrée
Costumes: Corinne De Laveleye
Scénographie: Olivier Waterkeyn
Eclairages: Christian Stenuit
Maquillages: Jean-Pierre Finotto
Combats: Jacques Cappelle
Décor sonore: Irvic D'olivier
Assistants à la réalisation: Marie Bach et John Shank
Accessoires: Gaelle Hoste
Confection des costumes: Costumier Maghet, Corinne De Laveleye, Antoinette Delvaux, Stéphanie Buissin, Joachim Lamego de Almeida
Habilleuse: Marianne Braconnier
Opérateur lumières: Luc De Climmer
Assistants lumières: Sébastien Gombeau et Jean-Claude Vervaek
Techniciens son et lumières: Luc De Climmer, Didier Counen, Didier Dewaele, Sébastien Gombeau, Olivier Leroy, Stéphane Nisol, Jean-Claude Vervaek
Régie son: David Wirtgen, Pierre Verhaegen
Régie de plateau: Julien Flach, Damien Zuidhoek, Felicien Van Kriekinge
Régie tops: John Shank
Construction décors: Jean-Jacques Allart, Olivier De Bondt, Henri Denis, Christophe Huart, David Lagneau, Benoît Marlier, Philippe Matagne, Didier Nechelput, Geoffrey Seron, Manu Vaneberg, Olivier Waterkeyn, Damien Zuidhoek
Peinture décors: Danielle Campé
Fournisseur matériel son et lumières: Philing Live
Photos de plateau: Arnaud Decoster
Assistant de production: David Courtois
Production et promotion: DEL Diffusion
Produit par: Rinus Vanelslander et Patrick de Longrée
Une production de DEL Diffusion avec l'aide de la Région wallonne, de la Communauté Wallonie-Bruxelles, de la Province du Brabant wallon, avec le soutien de la Loterie Nationale, Le Soir, Maurice Delens, Audi Lease, Le Vif/ L'Express, la RTBF, Duvel, TV Com, Fortis Banque, avec l'appui de Rent a Car, Plantin, Hecht, Bacardi-Martini.
VICTOR HUGO ET LA BELGIQUE
Victor Hugo a séjourné 14 fois en Belgique entre le 16 août 1837 et le 1er avril 1871, durant environ 1000 journées. Ces séjours sont de trois types: touristiques (les premiers en 1837 et 1840), forcés par l'exil (huit mois en 1851 et 1852) et ensuite le retour après dix ans (il reviendra chaque année passer quelques mois entre 1861 et 1871). En 1871, à 69 ans, il est exilé de Belgique par ordre du roi Léopold II parce qu'il prend position contre le régime de la Commune en France.
Dans Les Misérables, Victor Hugo évoque abondamment Waterloo, un site qu'il connaît bien. Lors de sa première visite touristique en Belgique en 1837, il n'avait toutefois pas voulu visiter Waterloo, considérant que la victoire de Wellington était le triomphe de la médiocrité sur le génie. En 1840, il publie un long poème (Le Retour de l'Empereur) dont les dernières strophes sont consacrées à Waterloo. Le 17 mars 1861, Victor Hugo note sur la manuscrit des Misérables: Interrompu pour les préparatifs de voyage en Belgique et le 5 mai 1861, il note dans ses carnets: Anniversaire de la mort de Napoléon. Je vais aller à Waterloo. Il s'y rend le 7 mai 1861 et descend à l'Hôtel des Colonnes à Mont-Saint-Jean avant de gravir les marches du célèbre monument. Il repart le lendemain à Bruxelles mais revient à Mont-Saint-Jean huit jours après durant plus de deux mois et y reprend l'écriture des Misérables le 22 mai. Et c'est, installé face au lion de Waterloo dans sa chambre d'hôtel, qu'il terminera Les Misérables. Le 30 juin, il écrit sa dernière page, l'épitaphe de Jean Valjean au Père-Lachaise. Au bas du manuscrit, Hugo trace le mot fin et il précise: Mont-Saint-Jean. 30 juin 1861. 8h. 1/2 du matin. Entre parenthèses d'une écriture un peu différente: aujourd'hui 30 juin apparition à 8h. du soir d'une comète. Elle est immense. La queue a dix-sept millions de lieues. Et il note sur une autre feuille: J'ai trouvé dans le champ de bataille de Waterloo une pierre ayant la forme d'une tête d'aigle.
Dans Les Misérables, Victor Hugo consacre un chapitre entier à Waterloo, le livre premier de la deuxième partie dans lequel il relate sa visite du champ de bataille en 1861 et termine par la rencontre de Thénardier et de Pontmercy.
Le roman Les Misérables est publié par une maison d'édition belge -Lacroix et Verboeckhoven- et sort le 2 mai 1862 de manière simultanée à Bruxelles, à Paris, à Londres, à Madrid, à Leipzig, à Milan, à Naples, à Varsovie, à Saint-Petersbourg, à Rio de Janeiro, bref partout, ce qui constitue un événement dans le monde littéraire.
D'après "Victor Hugo chez les Belges" de Jean-Marc Hovasse (Ed. Le Cri)
VICTOR HUGO ET VILLERS-LA-VILLE
Victor Hugo se rendit à Villers-la-Ville plusieurs fois en 1861, 1862 et 1863, car c'était un lieu qu'il appréciait tout particulièrement, marqué par les ruines en général que l'imagination hugolienne, dans certains textes, déforme, transpose et grossit. La ruine n'est plus qu'accessoirement pour lui une occasion de méditer sur le temps et sur l'éternité mais le prétexte ou le lieu idéal pour, poétiquement, remodeler le réel, confondre les lignes, retrouver les fantasmes et les délires qui dorment au tréfonds de la conscience face à un monde inquiétant et écrasant ( ). On peut encore lire sur un mur de l'Abbaye, gravé de sa main: Veni, vidi, flevi; cessez de conspuer ces admirables ruines. Il effectue des dessins du site et il y consacre une large partie de chapitre dans Les Misérables.
"L'auteur de ce livre a vu, de ses yeux, à huit lieues de Bruxelles, c'est là du moyen-âge que tout le monde a sous la main, à l'Abbaye de Villers, le trou des oubliettes au milieu du pré qui a été la cour du cloître, et, au bord de la Dyle (sic), quatre cachots de pierre, moitié sous terre, moitié sous l'eau. C'étaient des in-pace. Chacun de ces cachots a un reste de porte de fer, une latrine, et une lucarne grillée qui, dehors, est à deux pieds au-dessus de la rivière, et, dedans, à six pieds au-dessus du sol. Quatre pieds de rivière coulent extérieurement le long du mur. Le sol est toujours mouillé. L'habitant de l'in-pace avait pour lit cette terre mouillée Dans l'un des cachots, il y a un tronçon de carcan scellé au mur; dans un autre on voit une espèce de boîte carrée faite de quatre lames de granit, trop courte pour qu'on s'y couche, trop basse pour qu'on s'y dresse. On mettait là-dedans un être avec un couvercle de pierre par-dessus. Cela est. On le voit. On le touche. Ces in-pace, ces cachots, ces gonds de fer, ces carcans, cette haute lucarne au ras de laquelle coule la rivière, cette boîte de pierre fermée d'un couvercle de granit comme une tombe, avec cette différence qu'ici le mort était un vivant, ce sol qui est de la boue, ce trou de latrines, ces murs qui suintent, quels déclamateurs!"
En septembre 1862, Victor Hugo note:
"Villers. Revu les cachots de l'abbaye sur la Dyle; la boîte de pierre à mettre les hommes n'y est plus. (...) La chose était dénoncée dans Les Misérables. Il était bon de la faire disparaître."