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2004 - JÉSUS-CHRIST SUPERSTAR

Du 6 juillet au 15 août 2004
29 représentations
23.000 spectateurs

Le miracle s'est accompli. Résultat ? Un divertissement populaire qui ne succombe pas aux effets de mode et plaira au travers des tranches d'âge. Qui plus est, le public se retrouve plongé dans l'intemporel. Musicalement, il y a de tout : du rock, des ballades, de la pop, du folk et bien d'autres choses encore. Les costumes aussi mélangent les époques et les genres (.). Choc visuel garanti, kitsch inclus. Quant Judas ou Jésus apparaissent en contre-jour, avec éclairage rouge et fumigènes, on se retrouve au cinéma dans un thriller ! Avant de filer en boîte sous une énorme boule à facettes.
Didier Stiers, Le Soir, 10 juillet 2004

Ils ont bien fait de le ressusciter. Le chef d'ouvre d'Andrew Lloyd Webber et Tim Rice donne l'impression de n'avoir pas pris une ride dans cette version à la fois moderne et intemporelle. (...) Dans ce décor évoluent des silhouettes qui ont emprunté la machine à remonter le temps sans s'arrêter toutes à la même époque.

A. Bilteryst, Vers l'Avenir, 12 juillet 2004

Un splendide "Jésus-Christ Superstar" à l'abbaye. A ouvre exceptionnelle, production exceptionnelle, ce sont près de 30 acteurs-chanteurs et danseurs qui sont sur scène. Une distribution difficile, puisque si la priorité est donnée à la voix, les artistes sont aussi d'excellents comédiens et ont le physique de l'emploi.
C. de Froidmont, La Nouvelle Gazette, 10 juillet 2004

AFFICHE & PHOTOGRAPHIES

Alléluia! Une scène rustique en bois (...) sur laquelle évolue pendant deux heures une talentueuse troupe de 30 comédiens-chanteurs-danseurs débordantd'énergie pour nous offrir un spectacle fascinant, rythmé et plein d'émotion.
Thierry Quinson, Regard en Coulisse, juillet 2004

Jésus-Christ, star de Villers. Vieille de plus de trente ans, la pièce n'a pas pris une ride. Vieille de 2000 ans, l'histoire est connue de tous... c'est pourtant avec émerveillement que le spectateur découvre les sept derniers jours de la vie de Jésus dans un cadre somptueux, emmené par une musique aussi entraînante que variée. Du gospel au heavy-metal en passant par le classique ou le music-hall, tous les styles sont explorés pour donner des couleurs à un opéra-rock dans la plus grande tradition londonienne.
Nicolas Roelen, Paris-Match, 28 juillet 2004

LA DISTRIBUTION

VINCENT HEDEN (Judas)
PEHUEN DIAZ BRUNO (Jésus)
DELPHINE GARDIN (Marie-Madeleine)
PIERRE BODSON (Pilate)
JACKY DRUAUX (Hérode)
PATRICK RINGAL (Caïphe)
DIETER VERHAEGEN (Annes)
VINCENT DUJARDIN (Prêtre)
FABRICE PILLET (Prêtre)
MICHEL DESAUBIES (Pierre)
MOÏSE FUSSEN (Simon)

Chœur Hommes

VINCENT BOUTRY
STEVEN COLOMBEEN
STÉPHANE METRO
BORIS MOTTE

Chœur Femmes

MARIELLA ARNONE
SÉVERINE DELFORGE
NICOLINE HUMMEL
KRISTEL LAMERICHS
NATHALIE STAS

Ensemble Hommes

GAUVAIN DUFFY
FRÉDÉRIC GEERTS
FABIO GIANNOTTA
MILAN LABOUISS
BENJAMIN RUMMENS

Ensemble Danseuses

STÉPHANIE BOLAND
AMANTA DOOMS
VICTORIA EATON
MAÏTÉ LEBLICQ
EMILIE MANDOUX
AURORE VAN WALLE

Les Musiciens

Batterie YVES BAIBAY
Guitare JEAN-PIERRE FROIDEBISE
Basse SAMUËL GERSTMANS
Cor GEOFFREY GUERIN
Sax, clarinette, flûte STÉPHANE LETOT
Synthétiseur SÉBASTIEN MARET
Synthétiseur PAOLO RAGATZU
Guitare GIOVANNI RIZZUTO
Trompette MARIE-ANNE STANDAERT
Percussions CARLO WILLEMS
Direction musicale, synthétiseur PASCAL CHARPENTIER

L'ÉQUIPE DE RÉALISATION

Compositeur: ANDREW LLOYD WEBBER
Livret: TIM RICE
Adaptation française: PIERRE DELANOË
Mise en scène: JEAN MARK FAVORIN
Direction musicale: PASCAL CHARPENTIER
Création des costumes: MICHAËL TREVISANATO
Chorégraphie: JOËLLE MORANE
Scénographie: PATRICK de LONGRÉE
Création des lumières: CHRISTIAN STENUIT
Sound design: MARCO GUDANSKI
Chef de chœur: PIERRE BODSON
Création des maquillages: JEAN-PIERRE FINOTTO
Assistante à la mise en scène: MARIE-PAULE CHARLIER
Assistante à la direction musicale: HÉLÈNE CATSARAS
Réalisation des costumes: COMPOSITE TOTAL LOOK
Réalisation coiffes et chapeaux: CHRIS VERMANDERE, ATELIER DELVIDA
Costume Judas Superstar: ERMENEGILDO ZEGNA
Habilleuse: MARIANNE BRACONNIER
Assistante du maquilleur: VÉRONIQUE LACROIX
Maquilleuses : GÉRALDINE DUBOIS, LISA GAVROY, CLAUDINE HOUET, CAROLE LOUIS
Opérateurs lumières: CHRISTIAN STENUIT, DIDIER COUNEN
Technicien de maintenance: STÉPHANE VANDERMEERSH
Montage lumières: DIDIER COUNEN, LUC DE CLIMMER, PIERRE DELABRE, LAURENT DUMONT de CHASSART, STÉPHANE NISOL, STÉPHANCE VANDERMEERSH, JEAN-CLAUDE VERVAEK
Ingénieur son façade: MARCO GUDANSKI
Ingénieur son retour: THIERRY CRISPIN
Régie HF: NICOLAS PERRETIER
Technicien son: XAVIER VAN ROOST
Régie de plateau: NOËL BAYE, PIERRE RONTI
Construction décors: JEAN-JACQUES ALLART, THIERRY BIENFAISANT, JOËL BOUCQUIAUX, OLIVIER DE BONDT, DAMIEN DENIS, DAVID DETIENNE, ANTOINE HAVELANGE, DAVID LAGNEAU, PIERRE RONTI, MATHIEU SCHOTS
Peintures: OLIVIER WATERKEYN
Equipement son et lumières: BLUE-SQUARES
Assistante de direction: CLAUDINE DE COSTER
Assistant de production: DAVID COURTOIS
Presse: FULL OPTIONS, EMMANUEL DEROUBAIX
Production et promotion: DEL DIFFUSION
Produit par: PATRICK de LONGRÉE, RINUS VANELSLANDER

UNE OUVRE MONDIALEMENT RECONNUE

Jésus-Christ Superstar est l'un des plus grands succès, et le premier succès mondial, du compositeur Andrew Lloyd Webber qui a également signé, entre autres, Le Fantôme de l'Opéra, Cats, Starlight Express, Sunset Boulevard. Le disque sort en 1970 avant d'être porté à la scène, à New York, à partir de 1971, au Mark Hellinger Theatre (pour 711 représentations) et à Londres, à partir de 1972, au Palace Theatre (pour 3358 représentations). Un film est réalisé par Norman Jewison en 1973 et, plus récemment, en 2000, un film vidéo est tourné sur base de la mise en scène de Gale Edwards et Nick Morris. Jésus-Christ Superstar a été créé dans de nombreux pays (Mexique, Espagne, Canada, etc) et est à présent recréé à Villers-la-Ville adapté en français par Pierre Delanoë.

LES SEPT DERNIERS JOURS DE LA VIE DE JÉSUS

Jésus-Christ Superstar, fondé sur le Nouveau Testament, relate les sept derniers jours de Jésus, de l'entrée de Jérusalem à la crucifixion, à travers le regard de Judas Iscariote. Celui-ci n'arrive pas à comprendre le fanatisme et la confiance aveugle des disciples de Jésus. Dans l'esprit de Judas, Jésus est simplement un homme comme les autres. Ressentant de la jalousie et un mélange de haine et d'amour vis-à-vis de Jésus, son ami et son rival, Judas, en instrument destiné à accomplir la volonté divine s'associe aux ennemis de Jésus en le livrant. Jésus est crucifié. Furieux que l'homme de Nazareth soit considéré comme une "superstar", Judas finira par se pendre, terrassé par ses remords.

LE POINT DE VUE DE JUDAS

Le récit est fondé sur la relation entre Jésus et Judas, ces deux hommes que tout oppose. L'originalité du livret réside dans le point de vue narratif. Dès le départ, la parole est donnée à Judas qui fait part de son point de vue, qui assiste aux différentes scènes, qui intervient ou se retient, qui justifie ses actes et ses doutes. Il apparaît comme un homme qui, agissant presque malgré lui, est terriblement incompris. Après avoir conduit les soldats au jardin de Gethsemane, Judas réalise qu'il a été l'instrument de Dieu.

LE COMPOSITEUR, ANDREW LLOYD WEBBER

Souvent désigné comme le compositeur de musique le plus populaire du XXe siècle, sa notoriété a dépassé les frontières traditionnelles du Théâtre Musical pour toucher le grand public. Après une jeunesse baignant dans la musique classique, Sir Andrew Lloyd Webber -car la reine d'Angleterre l'a anobli- fait ses premières armes avec Joseph and the Amazing Technicolor Dreamcoat en 1968. Déjà, la fantaisie et l'audace du compositeur et de son parolier Tim Rice transparaissent dans le titre, les thèmes et le traitement. Mais c'est avec son ouvre suivante, Jésus-Christ Superstar, en 1971, qu'il rencontre son premier succès international. L'opéra-rock a trouvé en ce Jésus complexe et inattendu, proche du public, son titre fondateur. Ce début de carrière tonitruant continue avec le concept-album Evita (1976); la chanson "Don't Cry for Me Argentina" est un hit absolu. La création de Cats en 1981 apparaît comme un événement de premier ordre. Les mélodies, comme "Memory", sont irrésistibles. Quant à la mise en scène astucieuse et spectaculaire, elle décline à très grande échelle un monde de fantaisie et de couleurs qu'on ne connaissait pas dans les spectacles passés. La décennie 80 continue sur son chemin triomphal avec Song and Dance et Starlight Express, un spectacle interprété sur rollers! Elle culmine en 1986 avec le lyrique et fabuleux Phantom of the Opera. En 1989: Aspects of Love. En 1992: Glenn Close interprète le rôle de Norma Desmond, une star déchue de Hollywood dans Sunset Boulevard. Avec Whistle Down the Wind en 1996 et The Beautiful Game en 2000, Andrew Lloyd Webber se maintient sur les cîmes du succès. Et il reste le compositeur des chansons les plus séduisantes du répertoire récent du Théâtre Musical, avec une carrière loin d'être achevée puisqu'il créera, en septembre 2004, The Woman in White. Il a également composé un magnifique Requiem en latin pour lequel il remporta un Grammy Award pour la meilleure composition contemporaine.

LE LIBRETTISTE, TIM RICE

Avant d'écrire Jésus-Christ Superstar avec Andrew Lloyd Webber entre 1969 et 1971, Tim Rice collabora avec le même compositeur à Joseph and the Amazing Technicolor Dreamcoat et, ensuite, à Evita. Les deux créateurs se séparèrent ensuite pour mener des projets distincts. Tim Rice écrivit, dans les années 80, Blondel avec Steven Oliver et Chess avec les compositeurs d'ABBA, Bjorn Ulvaeus et Benny Andersson. A lin fin des années 80, il adapta en anglais l'énorme succès musical français Starmania composé par Michel Berger. Dès les années 90, ses textes rencontrent des succès majeurs comme, pour Disney, The Lion King sur une musique d'Elton John, Aladdin et Beauty and the Beast ainsi que King David sur des musiques d'Alan Menken. Il écrivit ensuite Heathcliff pour Cliff Richard sur une musique de John Farrar. En 2000, il créa avec Elton John une nouvelle comédie musicale à Broadway, Aïda. Il écrit en ce moment le second tome de ses mémoires!

CHASSÉ-CROISÉ ENTRE ANDREW LOYD WEBBER & TIM RICE

ALW: Tim Rice vous dirait que l'origine de tout cela est la phrase de Bob Dylan dans une de ses célèbres chansons: "Dieu était-il du côté de Judas Iscariote?" Plutôt que de raconter l'histoire des sept derniers jours de la vie de Jésus-Christ, on essaie de comprendre pourquoi Judas a trahi quelqu'un qu'il aimait de façon évidente.

TR: Pour un auteur, je me suis toujours dit que la vie de Jésus, du point de vue de Judas Iscariote, était un bon sujet. J'ai eu l'idée à l'époque de mes 15 ans. On a tous des idées à cet âge-là. J'ai eu la chance de la concrétiser.

ALW: Jésus-Christ Superstar, c'est comme un train qui va du point A au point B. La construction du spectacle est la clé de son succès. Le public n'est jamais lésé.

TR: En grande partie grâce à Andrew, nous essayions d'écrire pour le théâtre, pas pour la musique.

ALW: Personne ne voulait porter Jésus-Christ Superstar à la scène, c'est pourquoi nous l'avons enregistré et sorti le disque en premier. A Londres, tous les producteurs disaient: "Vous plaisantez!" ou "C'est la pire idée que j'ai jamais entendu" !

TR: Pour le disque, on a coupé des passages du livret, on l'a rendu plus contemporain, plus rock, plus énergique, pour que le public jeune s'identifie plus. Et cela a tellement bien marché comme cela, que le disque est devenu la base du spectacle car tout le monde connaissait la succession des scènes par la musique.

ALW: Nous n'avions aucune idée du succès de Jésus-Christ Superstar en Amérique. En descendant de l'avion, on s'est vu dans Time Magazine. Nous ne réalisions pas l'existence là-bas d'un "Mouvement Jesus".

TR: Nous étions accusés d'être anti-Dieu, antisémites, etc, mais ce n'était pas le cas. La plupart des contestataires n'avaient même pas vu le spectacle. On peut dire qu'ils nous ont aidés pour faire parler du spectacle !

ALW: Je voulais que ce soit agressif, brut d'une certaine façon, quelque chose qui dérange vraiment.

TR: Ce que j'essayais de faire passer dans les paroles, c'était ma propre réaction si j'avais été dans la même situation. Je ne me suis pas dit "on va faire de Judas un type intéressant". Ce point de vue s'est révélé être tellement riche car Judas dit des choses avec lesquelles le public s'identifie.

ALW: Nous n'avons pas essayé de comparer Jésus-Christ à Dieu, mais plutôt de le montrer réagissant à sa façon aux circonstances qu'il ne contrôle sans doute plus.

TR: A propos de Jésus, il fallait qu'il soit humain, qu'il ait des défauts bien humains, sinon l'histoire n'aurait rien voulu dire. S'il était simplement un dieu, ou s'il savait qu'il était un dieu, alors il n'y aurait pas de souffrance, pas de douleur, pas de dilemme, pas de sacrifice.

ALW: Pour être honnête, je ne crois pas que je pourrais réécrire Jésus-Christ Superstar maintenant. Cette pièce a marqué son époque, et même avec ses défauts, elle doit rester telle quelle. C'est d'actualité un point c'est tout.

Extraits de The making of Jesus Christ Superstar, Universal Pictures Video, 2000.

L'ADAPTATEUR, PIERRE DELANOË

Né en 1918, Pierre Delanoë est le parolier de milliers de chansons, dont plusieurs sont devenues des succès majeurs. Il a su s'adapter à merveille aux styles d'artistes aussi divers qu'Hugues Aufray, Nicoletta, Pétula Clark, Michel Sardou, Joe Dassin, Les Compagnons de la chanson, Gérard Lenorman, Michel Polnareff...

Sa première collaboration marquante a lieu avec Gilbert Bécaud: Je t'appartiens (1955), Le jour où la pluie viendra (1957), Croquemitoufle (1958), Et maintenant (1961), Je reviens te chercher (1967), La solitude ça n'existe pas (1970), etc. Pendant les années cinquante, de prestigieux interprètes ajoutent des chansons de Pierre Delanoë à leur répertoire: Tino Rossi (Deux amants, 1954), Georges Guétary (Au petit trot, 1953), Édith Piaf (Les grognards, 1958), Yvette Giraud (Si tu es jolie, 1955). Par ailleurs, il occupe, avec Lucien Morisse, la direction de la programmation d'Europe 1 de 1955 à 1960. Hugues Aufray chante L'épervier (1966), Stewball (1973). Les artistes chantent des ouvres originales ou des adaptations, comme Pétula Clark: Elle est finie la belle histoire (1963), Hello Dolly (1964) et C'est ma chanson (1966). Sylvie Vartan: La Maritza (1968). Nancy Holloway: T'en vas pas comme ça (1963). Mais aussi Richard Anthony (Lundi, Lundi, 1966, Tu es ma chance, 1975, L'année de nous deux, 1978), France Gall (Ne sois pas si bête, 1964), Dalida (Ciao amore ciao, 1967, Le Lambeth Walk, 1978, Laissez-moi danser, 1979, Comme disait Mistinguett, 1979), Claude François (Les ballons et les billes, 1969, Les petites souris, 1969), Dick Rivers (Un homme plein d'argent). Par ailleurs, les artistes non associés à la mode yé-yé chantent également Delanoë comme Nana Mouskouri (Que c'est bon la vie et Adieu Angelina, 1967) puis plus tard Quand tu chantes (1976), Je chante avec toi liberté (1981), L'amour en héritage (1984)... Et Marcel Amont, Rika Zarai, Régine, Françoise Hardy, Michel Delpech, Jacques Dutronc, Enrico Macias. L'après période yé-yé est également marquante grâce à ses collaborations avec Michel Fugain: Je n'aurai pas le temps, Fais comme l'oiseau, Attention mesdames et messieurs, Une belle histoire, Bravo monsieur le monde, Chante comme si tu devais mourir demain, Tout va changer etc., Michel Polnareff: Le Bal des Laze, Joe Dassin: Les Champs-Élysées, Ça va pas changer le monde, Et si tu n'existais pas, À toi et Dans les yeux d'Émilie, Nicoletta: Il est mort le soleil...

Les années 70 et 80 n'éloignent guère Pierre Delanoë de la route du succès. Gérard Lenorman, Michel Sardou, Joe Dassin, Gilbert Bécaud et Michel Fugain chantent ses textes: pour Lenorman, il écrit La ballade des gens heureux, Le gentil dauphin triste, Voici les clés, L'enfant des cathédrales, etc. Pour Sardou: Les vieux mariés, Les villes de solitude, Le France, Le temps des colonies, La java de Broadway, En chantant (1978), Les lacs du Connemara, Être une femme, Vladimir Ilitch, etc. Pour Nicole Croisille: Une femme avec toi, Je ne suis que de l'amour. Et aussi pour Carlos, Alain Bashung, Dave, Marie-Paule Belle, Mireille Mathieu, Nicole Rieu. Pierre Delanoë occupa également des fonctions officielles, à trois reprises, au sein de la SACEM. Sa carrière fut couronnée de nombreux prix dont la Légion d'honneur, l'Ordre National du Mérite et le Grand Prix des Poètes 1997, ce dernier prix étant remis par la SACEM.

L'ŒUVRE AU TRAVERS DES DISQUES, SCÈNES, FILMS

Jésus-Christ Superstar est le premier succès mondial d'Andrew Lloyd Webber. La création de Jésus-Christ Superstar appartient à un mouvement d'inspiration biblique des années 70. Avant de le créer sur scène, les producteurs préférèrent sortir un concept album: Jésus-Christ Superstar apparaît chez les disquaires en 1970. Les deux rôles principaux étaient confiés à deux stars de la scène rock du moment: Ian Gillan (chanteur du groupe Deep Purple) dans le rôle de Jésus et Murray Head dans le rôle de Judas. Sur scène, le 12 octobre 1971, à New-York, Ben Vereen (Judas) et Jeff Ferholt (Jésus) leur succèdent. La production reste à l'affiche durant 711 représentations à Broadway tandis qu'elle totalisera 3358 représentations d'affilée à Londres à partir de 1972! D'ailleurs, jusqu'au moment où Cats le détrôna, Jesus-Christ Superstar détint le record de longévité du West End.

Un premier film est tourné en 1973, réalisé par Norman Jewison, avec Ted Neeley et Carl Anderson. En 2000, une nouvelle vidéo voit le jour, avec, dans les deux rôles principaux le français Jérôme Pradon (Judas) et Glenn Carter (Jésus), dans une mise en scène de Gale Edwards et Nick Morris. Jésus-Christ Superstar est créé ensuite dans de nombreux pays (Mexique, Espagne, Canada, etc) et est recréé à Londres en 2000 avant une reprise à Broadway. Cette nouvelle version tourne actuellement en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.

LE METTEUR EN SCÈNE, JEAN MARK FAVORIN

Depuis qu'il est monté sur les planches en 1973 à Liège, Jean Mark Favorin est plongé dans l'univers des opérettes, opéras et autres comédies musicales. Dans sa jeunesse, il a fait partie d'une vingtaine de productions de spectacles musicaux à Liège, Verviers et Charleroi. Il a effectué un passage intéressé par le Conservatoire Royal de Bruxelles mais sa vraie passion est la comédie musicale qu'il découvre dès 1982 dans le West End et à Broadway.

Depuis 1981, il a réalisé une vingtaine de mises en scène dont: La Guerre des Piscines de Yves Navarre (2003), La Belle au Bois dormant de Tchaïkowsky (2003), Rose Marie de Harbach et Hammerstein (2002), La Pire des Choses de Dan Butler (2002), La Chaîne Alimentaire de Nicky Silver (1999), De Gros Hommes en Jupes de Nicky Silver (1999), Belgium One Point! de Jonathan Harvey (2000), Phi Phi de Christiné (1997), Le Meilleur de nous de David Stevens (1996), Les Veinards de Tony Marchant (1995), Reviens, James Dean, reviens d'Ed Grazyck (1994), Les Reines de Norman Chaurette (1992), Being at home with Claude de René Daniel Dubois (1991), La Ménagerie de Verre de Tennessee Williams (1987), Outrage au Public de Peter Handke (1987), Another Country de Julian Mitchell (1986), Hello Dolly de Herman (1981).

Au théâtre, il a joué dans Sophonisbe de Corneille (mise en scène de Jean-Marie Villégier au Théâtre National de Belgique en 1998), Salonika de Louise Page (mise en scène de Steven Helgoth au Duplex Theater, New York, en 1996), Le Mariage de Figaro de Beaumarchais (mise en scène de Jean-Daniel Leveugle au Théâtre Royal du Parc en 1989), La Colonie de Marivaux (mise en scène de Jacqueline Préseau au Théâtre de l'île Saint-Louis en 1986).

Il a été danseur dans le Ballet du XXème siècle de 1985 à 1987 (Le Boléro de Ravel, chorégraphie de Maurice Béjart).

A l'opéra, il a participé à plusieurs spectacles: Reigen de Schnitzler et Boesmans (mise en scène de Luc Bondy au Théâtre du Chatelet, Paris, en 1994), Der Rozenkavalier de Richard Strauss (mise en scène de Göetz Friedrich au Stadtoper der Hamburg en 1991), Der Rozenkavalier de Richard Strauss (mise en scène de Gilbert Deflo au Théâtre Royal de La Monnaie en 1990), Jules César de Haendel (mise en scène de Peter Sellars au Théâtre des Amandiers, Paris, en 1990).

A la télévision et au cinéma, il a tourné dans: Le Vélo de Ghislain Lambert de Philippe Harel (2002), La Torpille de Luc Bolland (2001), L'Enfant de la Nuit de Marian Handwerker (2000), Grosse bêtise d'Olivier Peray (2000), Embrasse-moi, vite de Gérard Marx (1991).

Il a travaillé au service habillage-accessoires-figuration de l'Opéra national, dans l'équipe technique et d'accueil du Cirque du Soleil (Saltimbanco) et comme modèle publicitaire pour plus de 50 campagnes. Jean Mark Favorin est probablement l'un des plus grands spécialistes de la comédie musicale en Belgique francophone et ses collaborations sur des tournées de spectacles de ce type ainsi qu'avec le Cirque du Soleil le positionnent comme le metteur en scène idéal pour monter Jésus-Christ Superstar à Villers-la-Ville.

LE DIRECTEUR MUSICAL, PASCAL CHARPENTIER

Il est né au Luxembourg en 1962 et a une formation en musique classique (Jury supérieur de Belgique). Depuis 1990, il compose la musique originale de nombreuses pièces de théâtre et de ballet, entre autres Free-Lance de Pierre Mertens (1990), deux pièces de Delphine Bougard: Le Retour du Capitaine (1993) et Le Coup de Siècle (1999), Ubu Roi d'Alfred Jarry (1997), Prooizak 200 mg de Julie Bougard (1998), La Poupée Titanic de Thierry Debroux (1999), Le Pont de Laurent Van Wetter (2000), Le Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov (2000), Un Cas intéressant de Buzzati (2001), All Souls de Daniel Keene (2001), Terminus de Daniel Keene (2001), La Ronde de Schnitzler, Le Livropathe de Thierry Debroux, Les Fourberies de Scapin de Molière (2003), La Maljoyeuse de Véronica Mabadti (2003), Ma nuit est plus longue que la tienne de Jean Louvet (2003) et trois pièces d'Éric Durnez: Brousailles (1997), Échange clarinette (1998) et La Maman du Prince (2000).

Il assure la direction musicale et les arrangements de plusieurs spectacles dont: Emilie Jolie de Philippe Chatel (1996 - DEL Diffusion et ADAC), L'Opéra de Quat'Sous de Bertolt Brecht et Kurt Weil (1998 - Théâtre de l'Eveil et Théâtre Le Public), Bonjour mon chien de Lionel Bourguet (1999 - Botanique), Un Fil à la Patte de Georges Feydeau sur des musiques d'Offenbach (2001 - Rideau de Bruxelles), Si c'est chanté, c'est pas perdu (2003 - Festival du Carré à Mons), La Paix d'Aristophane (2003 - Compagnie Biloxi 48).

Pour le cinéma et la télévision, il compose la musique originale de plusieurs films dont L'Homme qui marchait au-dessus des arbres de Michel Urbain (1994), Truth Under Siege de Leslie Asako (USA - 1994), et La Répétition de Catherine Corsini (2001).

Depuis 1984, Pascal Charpentier participe comme interprète à de nombreux festivals de musique: Francofolies de Spa, de la Rochelle, de Montréal,. et fait de nombreuses tournées en Europe et aux Etats-Unis.

Depuis 1999, il assure les arrangements claviers des groupes Autour de Lucie (Album Faux Mouvement - 1999), Télépopmusic (2000) et est également compositeur, directeur musical et pianiste de la chanteuse Arielle (Album Imbécile heureuse - 2001).

Récemment, il a assuré la direction musicale et collaboré en tant que pianiste, au retour à la scène à l'Olympia et en tournée du chanteur Christophe.

NOTES DU METTEUR EN SCÈNE

MON ATTRAIT POUR LA COMÉDIE MUSICALE. La comédie musicale est venue vers moi il y a quelques années déjà. On peut dire que je suis plus un homme de spectacle qu'un homme de théâtre, tout en appréciant toutes les formes des arts de la scène. Toutefois, la comédie musicale est certainement le genre qui réunit toutes les disciplines du milieu du spectacle. Il faut avoir le sens du rythme, le sens du texte quand il y en a, le sens de la narration aussi car la comédie musicale est un genre qui utilise énormément les ellipses narratives. Cet art particulier n'a rien de naturel: tout est prétexte à chanter la vie, que ce soit pour signifier son bonheur ou clamer sa peine. Cela demande un travail minutieux et attentif dans lequel les différentes disciplines des arts de la scène doivent se marier avec équilibre et cohésion tout en restant surprenant. Cela dit, c'est ma première expérience à ce niveau d'ampleur; je suis donc à l'écoute de mes collaborateurs expérimentés chacun dans leur domaine, que ce soit le directeur musical, la chorégraphe, l'éclairagiste, le sound designer et la multitude d'autres intervenants créatifs.

EMOTION. Je communique à tous les membres de l'équipe le maître-mot "émotion". C'est le paramètre essentiel de notre aventure. Je suis extrêmement attentif et je veille à son application par chacun. Pour y parvenir, je suis ouvert à toutes les propositions des chanteurs-acteurs, je guette leurs impulsions, leurs failles, leur sensibilité et, au travers de la réflexion, du rire ou des larmes, je dégage l'émotion. C'est du moins ma ligne de conduite, le sens de mon travail. Avec tous les intervenants qui ont été réunis, je ne doute pas que cette option fondamentale puisse être partagée.

LA MUSIQUE COMME COLONNE VERTÉBRALE. L'ouvre d'Andrew Lloyd Webber est porteuse de sens, de style, d'impressions, de sensations. Elle nous guide dans les choix des couleurs, des accessoires, des matières. Elle est précise. Elle est ciselée. Elle imprime sa force et son rythme. Elle appuie les sentiments. Elle suggère les déplacements. C'est notre référence qui est à la fois contraignante et excessivement ouverte.

UNE ÉQUIPE DÉSIRÉE. Beaucoup de chanteurs se sont lancés dans l'audition. Plus de 200 candidats se sont présentés. J'admire leur volonté et leur détermination. Ces auditions ont par ailleurs reflété la situation de cet art dans notre pays. Il apparaît clairement que les candidats provenant du nord du pays sont bien formés à la comédie musicale, ce qui se vérifie moins du côté francophone où l'on sait que l'on forme principalement de formidables acteurs. De France, plusieurs candidats se sont révélés brillants. Il n'est pas simple de trouver des personnalités qui excellent dans l'art du chant et celui du théâtre. Néanmoins, nous avons pu rencontrer de nombreux candidats remarquables dont le pouvoir émotionnel, la technique vocale et le charisme ont été les facteurs déterminants de leur choix.

CE QUI M'INTERESSE EN DIEU C'EST L'HOMME. J'ai fait mienne cette phrase de Régis Debray. Elle me guide dans ma réflexion, surtout à l'heure des agitations graves que nous connaissons dans le monde. Nous racontons l'histoire de Jésus, un homme, certes déterminant dans l'histoire pour beaucoup de gens, mais un homme avec toutes ses contradictions. L'objet du spectacle est le cheminement des sept derniers jours de la vie de Jésus et les déchirements autour de sa personne et de son message. Les paroles du livret de Tim Rice ont été tirées de la Bible. Il n'y a pas d'interprétation des Ecritures. Elles sont livrées telles quelles, dans leur authenticité, avec un brin de poésie et de versification en plus. On ne réinvente pas l'histoire. On va se concentrer sur les faits: cet homme est porteur d'un message, il prône l'amour, l'écoute et la paix entre les gens, mais comme il arrive avec des idées qui paraissent nouvelles ou qui dérangent, il va se faire flageller sur la place publique. Nous ne prendrons pas position, d'autant que je suis athée, mais qu'il puisse être considéré comme fou, mythomane (il fallait croire qu'il était le fils de l'Homme) ou qu'il porte réellement la parole de Dieu, son message est universel et nous touche tous. Andrew Lloyd Webber et Tim Rice ont clairement pris ce parti de défendre l'homme et de le dépeindre avec ses richesses et ses failles, dans la simplicité d'une réalité décrite dans les Evangiles.

UN LIEN AVEC L'ACTUALITÉ. L'actualité nous parle. Tous les jours, dans le monde, des gens qui prônent la paix et l'amour autour d'eux se font lyncher par des envahisseurs. Il suffit d'allumer son téléviseur ou de lire la presse pour le constater. Bagdad, Jérusalem. Ces références, même si elle ne sont pas démonstratives dans le spectacle, sont présentes.

LA RICHESSE DES PERSONNAGES. Il y a des bons, il y a des méchants, et il y a ceux pour lesquels on ne sait pas très bien. Mais dans chaque personnage, c'est l'humanité qui nous intéresse. Il y a des personnages typés: Hérode, Pilate et Caïphe, mais qui ne sont pas monolithiques car, derrière leur arrogance et leur froideur, on peut découvrir leur faiblesse ou leur doute. Il y a les apôtres, ce groupe d'hommes autour de Jésus pris dans un tourbillon qui les dépasse parfois. Il y a Marie-Madeleine, symbole de toutes les femmes: la putain, la mère, la sour, la nounou, la cuisinière, l'amie, la confidente; elle représente quasiment le seul élément féminin dans cet univers machiste. Elle est là pour calmer les choses, attentive à prodiguer tendresse, réconfort et amour. Et puis, il y a Judas, qui est le personnage principal de cette ouvre comme Iago est le personnage principal dans Othello. Il est le narrateur, il s'adresse souvent au public. On a le point de vue de quelqu'un qui fait de Jésus un homme comme les autres. C'est une phrase qui revient très souvent dans cette comédie musicale: c'est un homme, rien de plus; c'est un homme comme les autres. Et pourtant Judas s'interroge sur la personnalité de Jésus. Il n'en comprend pas tous les aspects. Il est surpris par les prédictions de Jésus. Il va le trahir, mais pourquoi: par jalousie, par orgueil, par dépit?

UNE NOUVELLE CRÉATION. Avoir la chance d'obtenir des auteurs l'autorisation de monter une nouvelle création de cette ouvre devenue mythique est exceptionnel. On mesure tous les jours, au rythme de l'avancement de la réalisation, la force de sa construction et son efficacité tant musicale que narrative. Cette nouvelle production en français tente d'inscrire l'ouvre dans le monde d'aujourd'hui tout en y intégrant des références universelles. Il ne s'agit donc pas d'un revival, même si nous avons visionné les mises en scène historiques dont la plus récente est celle de Gale Edwards, une metteuse en scène australienne qui a ouvert les portes de nouvelles lectures de l'ouvre. Nous avons la chance d'avoir l'abbatiale en ruine de l'Abbaye de Villers pour décor. Ce lieu d'intense spiritualité convient à merveille. J'ai l'impression que l'histoire retrouve son décor. L'histoire colle aux murs. Au niveau de la forme, dans les costumes par exemple, il y a des connotations modernes, des chocs d'époques, mais pas dans le sens d'une interprétation seventies! On s'est à la fois inspiré de gravures anciennes ou d'images de CNN, tout en y mêlant -à certains moments- le sens esthétique de Broadway. Tant dans les costumes de Michaël Trevisanato que dans les chorégraphies de Joëlle Morane, ou les lumières de Christian Sténuit, on s'est amusé à faire des clins d'yeux à des styles, à des époques, à des mouvances que bien souvent la partition suscite comme le charleston et les claquettes de la chanson d'Hérode ou le funk-disco scintillant de la chanson Superstar.

UNE OUVERTURE SUR LA TOLÉRANCE. On l'a dit, l'importance dans ce spectacle, c'est de croire en l'homme. Chacun devrait s'en inspirer pour ses propres questionnements. Quelle que soit sa religion ou ses convictions personnelles, il s'agit d'être interpellé sur le sens de son existence. A chacun sa réponse !

Je dédie ce spectacle à ma mère. Jean Mark Favorin.

LE RÊVE DEVENU REALITÉ

La question est posée: depuis quand avons-nous envie de monter Jésus-Christ Superstar? Répondre à cette question n'est pas simple, dans la mesure où cette ouvre d'Andrew Lloyd Webber et Tim Rice me poursuit depuis très longtemps. La première rencontre avec Jésus-Christ Superstar se situe à la fin des années 70 au Collège Notre-Dame de Basse-Wavre où je termine mes humanités secondaires: une projection du film réalisé en 1973 par Norman Jewison est organisée dans la salle des fêtes du collège. Le film me surprend, me fascine; je suis interpellé par cette manière qui pouvait sembler irrévérencieuse mais tellement actuelle de traiter la vie et la mort de Jésus. De cet épisode résulte probablement mon attirance pour la comédie musicale et, qui sait, mon orientation vers des études de philosophie!

Quelques années plus tard, alors que nous réalisons avec succès le premier spectacle à Villers en 1987, Barrabas de Ghelderode dans une mise en scène de Dominique Haumont, l'idée d'y créer Jésus-Christ Superstar surgit. Honnêtement, je ne sais plus par quelle voix elle fut émise, probablement à la fin d'une soirée au Chalet de la Forêt (l'estaminet qui nous accueille chaque soir après le spectacle)! Toujours est-il que j'ai acheté durant cet été-là le double disque vinyl de la bande originale du film sorti en 1973. Le livret intégral accompagnait l'album de même qu'une série de photos rappelant le film. Tout concourrait à démontrer l'inaccessibilité à monter pareille ouvre pour les jeunes producteurs que nous étions: grosse distribution de chanteurs, musiciens, amplification, etc. La moindre des difficultés n'étant pas d'obtenir les droits. L'idée ne fit qu'un tour et se rangea bien rapidement dans un tiroir.

Au fil des ans, l'envie persistait. Entretemps, les ouvres d'Andrew Lloyd Webber naissaient les unes après les autres et je m'en régalais à Londres ou New-York : Aspects of Love (1989), Sunset Boulevard (1992), Whistle Down the Wind (1996) et The Beautiful Game (2000) succédaient à Evita (1976), Cats (1981), Starlight Express (1983) et le prodigieux Phantom of the Opera (1986).

Je me souviens avoir acheté en 1996 deux double CD de Jésus-Christ Supertsar: l'un était la réédition du disque d'origine (1970) réunissant Murray Head (Judas), Ian Gillan (Jésus) et Yvonne Elliman (Marie-Madeleine) et l'autre était une toute nouvelle orchestration réalisée par Lloyd Webber lui-même avec Zubin Varla (Judas), Steve Balsamo (Jésus) et Joanna Ampil (Marie-Madeleine). C'est à cette époque que je me suis mis à analyser sérieusement la faisabilité de monter l'ouvre à Villers. Je suis parti une semaine en vacances avec ces deux CD, un lecteur de CD baladeur et un gros carnet de notes. J'échafaudais une traduction française pour savoir si notre langue pouvait se marier avec cette musique, je me demandais qui pouvait interpréter ces rôles denses et puissants (je connaissais la plupart des acteurs belges mais je me rendais compte qu'il fallait surtout trouver de bons chanteurs!), j'alignais des chiffres pour évaluer le poids financier d'une telle aventure et, au retour de ces vacances studieuses, je remis le tout au fond du fameux tiroir.

Depuis sa création sur scène en 1971 à New-York et en 1972 à Londres, Jésus-Christ Superstar a fait le tour du monde. Plus récemment, en 2000, alors que The Realy Usefull Group, la société de production d'Andrew Lloyd Webber, décide de remonter une nouvelle production à Londres et à Broadway, mon associé Rinus Vanelslander assiste à une version de

l'ouvre à Prague, ce qui nous amène à en reparler. Nous analysons une fois de plus la faisabilité d'un tel projet mais de nouveaux facteurs nous arrêtent: nous connaissons mieux maintenant les arcanes des droits internationaux et nous estimons que nous n'obtiendrons jamais l'accord des auteurs, nous pensons par ailleurs que la perception de l'ouvre s'est probablement étiolée et que le temps a fait son office sur ses interpellations. Le dossier regagne donc le tiroir mais pas pour longtemps.

Fin 2001, je découvre une captation video de la mise en scène de Gale Edwards. Réalisée aux studios de Pinewood en Angleterre, cette captation du spectacle de 2000 s'avère fascinante. Elle balaie tous mes préjugés sur l'ancienneté de l'ouvre, elle démontre une actualité violente du propos grâce à une mise en scène inventive, accrocheuse, puissante et à une interprétation extraordinairement sensible de Glen Carter dans le rôle de Jésus et du français Jérôme Pradon dans le rôle de Judas. La musique est réorchestrée et touche par sa beauté, mettant en valeur les richesses de la partition. La barre est placée fort haut, ce qui provoque curieusement en moi l'envie de ressortir encore une fois mon dossier et je sais pourquoi: j'ai la preuve qu'Andrew Lloyd Webber accepte de revisiter et de faire revisiter son ouvre, j'ai ressenti une actualité violente dans le thème et les propos, j'ai apprécié la modernité de la nouvelle mise en scène basée sur un brassage des genres et non plus confinée dans un esprit soixante-huitard, bref, les temps me semblent propices à la mise en ouvre de notre projet. Je donne à voir cette vidéo à Rinus qui ne tarde pas à me faire part de son enchantement. L'envie se précise au fil des premiers jours de 2002. Rendez-vous est pris chez notre avocat spécialisé en gestion de droits.

Le 25 mars 2002, notre lettre de demande est envoyée à Andrew Lloyd Webber et Tim Rice; le 3 avril, nous recevons une réponse de leurs représentants constituée d'un large questionnaire sur nos intentions. Nous y répondons de manière détaillée dans le courant d'avril. Nous recevons alors une invitation à nous rendre à Londres pour expliciter les orientations spécifiques que nous voulons donner au projet. Rinus a alors cette idée décisive de leur retourner l'invitation en les conviant plutôt à Villers durant l'été. Nous y préparons Les Misérables (mise en scène de Stephen Shank) qui s'est avéré être une magnifique carte de visite.

Le 23 juillet 2002, nous recevons à Villers David Robinson, le représentant d'Andrew Lloyd Webber. Nous débutons notre rencontre par la présentation vidéo de nos précédents spectacles. Quelques extraits choisis de Quasimodo, Athalie, Barabbas, Angelo, Thyl Ulenspiegel ou Dom Juan semblent rassurer notre interlocuteur tant ses questions sont nourries et son intérêt manifeste. L'échange est cordial et concret. Notre passion pour les spectacles d'Andrew Lloyd Webber nous offre des terrains de discussion. A l'issue de la première partie du spectacle, nous retrouvons David Robinson à l'entracte. Il est enchanté. Il trouve qu'il ne peut y avoir meilleur cadre que Villers pour créer en français Jésus-Christ Superstar en Belgique, il nous fait rougir en déclarant que la production est d'un niveau remarquable et il termine en nous disant le plus simplement du monde: Andrew is OK ! Nous ne pouvons cacher notre joie. Ca y est, le rêve peut devenir réalité!

Patrick de Longrée